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Marathon des Sables 2018 : Retour sur la 4ème étape

Par gmartine , le 12 avril 2018 - 5 minutes de lecture

À l’occasion de l’étape longue du 33e Marathon des Sables, les meilleurs concurrents partent trois heures après le reste du peloton, l’occasion d’assister à une chorégraphie en deux temps lorsque l’élite rattrape les coureurs de fin de peloton.

L’étape longue, c’est un peu ce que viennent chercher les coureurs chaque année, et en même temps ce qu’ils redoutent le plus : leur graal et leur némésis à la fois. Parcourir près de 90 km dans le désert, au travers de rocailles, de dunes, de djebels, c’est juste un rêve (ou un cauchemar ?) éveillé. Au briefing matinal, Patrick Bauer, Directeur de Course, a lancé une fois de plus ses recommandations depuis le toit de son 4×4 : « Step by step », un pas après l’autre, un kilomètre après l’autre, un CP après l’autre. Morceler le parcours, s’hydrater, avaler ses pastilles de sel, et avancer, encore et encore, jusqu’à la ligne d’arrivée… Ce soir ? Demain ? Peu importe, l’essentiel est de rejoindre le Bivouac 4 en moins de 35 heures. Et forcément, face à ce défi, on ressent « un peu d’appréhension, car 86 km, ça va être un peu plus long que les autres jours » nous confiait Ludovic Trabuchet avant le départ. Et d’ajouter : « Cette étape se jouera sur la gestion – le rythme, les dunes, le sable, la fatigue… Le plus dur va être la nuit, si le vent se lève, et il va falloir gérer l’alimentation, penser à s’hydrater, à se reposer ». Ludovic serait-il un peu le chat noir ? Le vent s’est effectivement levé en milieu d’après-midi, et la fin de parcours est désormais balayée par des flux continus de sable…

Une étape décisive

La tension nerveuse était palpable chez les 961 concurrents au départ de l’étape longue ce matin. Tous savent que statistiquement, ceux qui passent l’étape longue sont presque assurés de terminer le Marathon des Sables. Alors ils et elles s’accrochent, malgré les bobos. Ampoules, tendinites, déshydratations, rien n’épargne les concurrents : « Je me suis fait une entorse hier, j’ai un peu peur. Et puis je n’ai jamais fait une aussi longue distance… Mais l’ambiance est vraiment extraordinaire, une vraie solidarité, c’est incroyable ! » appréciait Céline ce matin.L’un des moments importants de cette journée, c’est celui où les 50 meilleurs hommes et les 5 meilleures femmes, partis trois heures après le reste du peloton, ont rattrapé les moins rapides, puis les ont dépassés un à un. La jonction entre les deux pelotons a eu lieu peu après le CP1. En cet instant où Rachid El Morabity a rattrapé le dernier concurrent, on a pu constater la différence entre un athlète élite et l’un de ces forçats du Marathon des Sables : la foulée fluide et légère de l’un, la marche heurtée et lasse de l’autre. Cette rencontre de deux mondes qui habituellement ne cohabitent jamais sur une épreuve sportive symbolise à lui seul la volonté du MDS de s’ouvrir à tous, de permettre à tout un chacun de vivre un rêve éveillé.

Sedykh craque, Morabity confirme

C’est ce que l’on appelle « jouer son va-tout ». La Russe Natalia Sedykh a prit tous les risques hier lors de l’étape longue pour rattraper les 40 minutes de retard qu’elle avait sur l’Américaine Magdalena Boulet. C’était le seul moyen qu’elle avait de reprendre la tête au général, et elle le savait parfaitement. En tête pendant 25 km, elle a craqué, et rend finalement plus de deux heures de retard à l’Américaine. Celle-ci a parfaitement géré son étape et a accru son avance sur ses poursuivantes. L’étape marathon de demain (42 ,2 km) sera décisive : les écarts entre les trois premières femmes (Magdalena Boulet, Bouchra Eriksen, Gemma Game) restent de quelques minutes, et tout peut encore basculer en cas de défaillance.Chez les hommes, Rachid El Morabity enfonce le clou. Auteur d’une course parfaite sur l’étape longue hier, il ne lui aura fallu que 8h12mn (10,6 km/h de moyenne) pour avaler les 86,6 km d’un parcours dantesque, sous un soleil pesant, avec un vent de sable violent sur les derniers kilomètres. D’entrée, Rachid est parti seul, laissant sur place tous ses adversaires, y compris son petit-frère, à qui il faudra 21 minutes de plus pour terminer l’étape. La grande surprise du jour vient du Français Mérile Robert, qui a réussi une incroyable étape – lui-même n’y croyait guère sous la banderole d’arrivée. Il a en effet réussi le tour de force de finir l’étape en troisième position, derrière Mohamed, et devant le Lituanien Gediminas Grinius, star de l’Ultra-Trail World Tour. Au général, si les deux premières places restent propriété des frères EL Morabity, c’est Mérile Robert qui s’octroie la troisième grâce à cette superbe étape longue. Les écarts ne sont pas énormes, mais il semble désormais improbable, hors énorme défaillance, que le Top 3 change d’ici demain soir.

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