Entrainement

Les 10 meilleurs champions de la triche !

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

Pour ces dix mauvais joueurs, un seul but : faire un super chrono au marathon sans (trop) se fatiguer. Fractionné perso course-métro, run & bike, trafic de puces voire corruption, tous les moyens sont bons. Pour se moquer d’eux, on a décidé de pas faire semblant : on sort le carton rouge et on donne les noms !


1) Le plus assidu

Saïd Dogga, coureur franco-marocain, a cela pour lui : il ne baisse jamais les bras. Le 24 octobre 1999, il prend le départ du marathon de Chicago. 2 h 11 mn et 18 s plus tard, il franchit la ligne d’arrivée en neuvième position. Un vrai bon résultat, dont il pouvait être fier… s’il l’avait réalisé. Car trois check points sur les cinq que compte la course n’ont gardé aucune trace de sa puce électronique. Il était bien présent au départ et à l’arrivée, mais les tapis et caméras des check points aux kilomètres 13, 21 et 28 n’ont pas souvenir de notre champion. Convoqué par l’organisation, il se montre incapable d’expliquer cette disparition numérique et se voit déclassé, perdant du coup son prix de 6 000 $…

Le 16 avril 2000, Saïd Dogga prend le départ du marathon de Rotterdam, termine en 2 h 17 mn 12 s, mais est déclassé peu de temps après pour avoir pris des raccourcis pas vraiment autorisés. Le 3 juin de la même année, rebelote à Stockholm. Trois coureurs se tirent la bourre sur les derniers kilomètres, avant qu’Alfred Shemweta ne sème ses deux acolytes pour remporter l’épreuve. Trois coureurs plus un : Saïd Dogga, troisième sur la ligne avant d’être déclassé… pour les raisons que l’on sait.

2) Le plus énorme

Marathon de Paris, avril 2008. Jan Vadlejch ne le sait pas encore, mais il va devenir une star des forums francophones de course à pied. Cette année-là, il termine premier de sa catégorie, VH3, en 2 h 40 mn 05 s. Pourtant, sa puce a “raté” les tapis des km 5, 15, 25 et 35. Et surtout, surtout, les vidéos le montrant franchir les check points des km 10, 21 et 30 font désormais partie du répertoire burlesque tant sa foulée est lente. Sur chaque check point, notre champion se fait doubler par une dizaine de concurrents. Il court, certes, mais assurément pas à l’allure de quelqu’un qui terminera en 2 h 40. Alors, comment fait-il ? Nardo, l’un des contributeurs du forum courseapied.net, a une idée sur la question : il relate qu’en prenant le métro à la station Porte Dorée au cours de l’épreuve, il a vu ce coureur dans une rame de métro… avant de le retrouver sur les tablettes du marathon grâce à son dossard. Un bon blagueur, ce monsieur Vadlejch !

3) Le plus ambigu

Jean-Marie Bernier est chirurgien orthopédiste. Lors du marathon de Reims, en octobre 2008, il couvre 21 km avant de succomber par abandon, terrassé par un « gros problème de genou ». Un ami courant à ses côtés lui aurait alors proposé de prendre sa puce pour lui faire franchir virtuellement la ligne d’arrivée. Une petite tricherie, sans gain, sans record, sans victoire à la clé. Cette histoire aurait pu s’arrêter là. Mais monsieur Bernier fait de la politique. Et, en 2008, il est candidat à l’investiture UMP pour les législatives partielles de la même année. L’intéressé assure n’avoir pas souhaité relier les deux activités. Mais les médias s’emparent de l’affaire. Et découvrent que le coureur a utilisé la même technique pour franchir la ligne en 2007, lorsqu’il était candidat aux municipales sur la liste du parti radical ! Bilan réel : deux abandons en deux marathons et deux élections perdues. On ne saura jamais si Jean-Marie Bernier a cédé sa puce pour se faire mousser, mais on sait que s’inscrire sur semi aurait été une meilleure idée.

4) Le plus déguisé

Avril 2008. Frank Delrocq, triathlète élu en 2007 “Sportif gravelinois de l’année”, boucle les 42,195 km du marathon de Rotterdam. Sa puce est détectée à chaque check point et sa performance est crédible. Il a couru ce marathon comme tout le monde. Pour l’instant. Car ce que ne sait pas Frank à ce moment-là, c’est que sa douzième place à l’Ironman d’Embrun, trois mois plus tard, va éveiller des soupçons. Et que les triathlètes limiers du forum onlinetri.com vont éplucher ses résultats. Tous. Jusqu’à se rendre compte que si Frank est passé sur tous les tapis du marathon de Rotterdam, il n’y est pas passé qu’à pied. Absent en version running aux km 5 et 35, il y est remplacé les deux fois par le même cycliste, veste bleue et casquette, qui s’avère être monsieur Delrocq lui-même ! L’homme au VTT usera alors de la même tactique que Saïd Dogga (cf. “Le plus assidu” page ci-contre) en “n’expliquant pas” son absence. Menacé, insulté sur la place publique, sa famille victime d’appels anonymes répétés, il reconnaîtra finalement les faits et assurera n’avoir triché qu’une seule fois. Une fois de trop.

5) La plus invisible

Née à La Havane en 1953, Rosie Ruiz Vivas émigre aux États-Unis avec sa famille en 1962, puis s’installe à New York dans les années 1970. Là, elle s’entraîne dur et, grâce à un temps de 2 h 56 mn 29 s au marathon de New York 1979, elle gagne un dossard préférentiel pour celui de Boston six mois plus tard. Où elle signe le record de l’épreuve et la troisième meilleure performance mondiale féminine en 2 h 31 mn 56 s. Voilà certainement ce que Rosie Ruiz aimerait que l’on retienne de sa vie – sportive en tout cas. Seulement voilà : Rosie n’a jamais couru New York en 2 h 56 mn. Elle a pris le métro. Rosie n’a jamais couru Boston en 2 h 31 mn. Elle s’est versé une bouteille d’eau sur la tête en guise de transpiration, a traversé la foule pour se mêler aux coureurs à moins d’un kilomètre de l’arrivée et elle a levé les bras. Mais comme personne n’a vu Rosie sur le parcours, ni les photographes, ni les coureurs, ni les spectateurs, elle a été déchue de son titre. On lui a repris son globe d’argent et sa médaille pour les donner à Jacqueline Gareau, véritable vainqueur en 2 h 34 mn 28 s. Et c’est finalement tout ce qu’on retient de sa vie.

6) La plus mélomane

Jennifer Goebel a subi de plein fouet ce qu’on appelle l’ascenseur émotionnel, à l’occasion du Lakefront marathon de Milwaukee en 2009. Arrivée en deuxième position, elle s’est vu accorder la victoire après que sa devancière, Cassie Peller, 23 ans, eut été déclassée pour avoir accepté une bouteille d’eau en dehors d’un ravitaillement. La joie toute naturelle de Jennifer n’a pourtant pas duré. Quelques jours plus tard, elle apprenait qu’elle était à son tour disqualifiée pour dopage… musical. Des photographies la montrent utilisant un iPod entre le 19e et le 21e kilomètre. Un exemple à ne pas montrer aux enfants, tant il galvaude l’esprit même du sport, à en croire l’intransigeante USATF (USA track and field) qui avait mis en place ce règlement l’année précédente. La victoire est donc revenue à Corina Canitz, déjà vainqueur en 2007 et 2008, auteur de l’un des sprints finaux les plus tardifs de toute l’histoire du marathon

7) Le plus visionnaire

Jeux olympiques de Saint Louis, 1904. Cette année-là, 12 000 voitures seulement sont produites aux États-Unis. L’entraîneur de Frederick “Fred” Lorz, l’un des concurrents au marathon des J.O., est justement l’heureux propriétaire de l’une de ces nouveautés. Lorsque ce dernier, perclus de crampes, est contraint de s’arrêter après seulement 15 km, il n’a aucun scrupule à utiliser son avantage technologique. Il saute sur le siège passager et se fait conduire près de l’arrivée. Malheureusement, l’automobile n’est alors pas un moyen de transport très fiable et l’engin tombe en panne à plus de 9 km de la ligne. Reposé, le jeune maçon couvre la distance et s’impose dans un fauteuil. Dont il va très vite se relever. Son poursuivant, Thomas Hicks, déclare à l’arrivée : « J’ai gagné puisque, parti en tête, je n’ai pas été dépassé ! » Immédiatement privé de son titre, Fred Lorz est interdit de compétition avant d’être gracié, son geste n’ayant pas été prémédité. Une décision salutaire puisque monsieur Lorz remportera l’année suivante le marathon de Boston !

8) Le plus présidentiable

L’homme politique mexicain Roberto Madrazo a connu des temps pour le moins difficiles il y a quelques années. Après avoir terminé troisième − sur trois − de l’élection présidentielle de son pays en 2006 avec le pire score de son parti (22 %) depuis 1934, il s’est fait pincer pour avoir coupé le parcours du marathon de Berlin l’année suivante. L’ex-futur président, premier de sa catégorie d’âge en 2 h 41 mn, a été photographié à l’arrivée tout sourire et les bras en croix, mais aussi très couvert pour un marathonien. Trop, selon des témoins, qui l’ont signalé à l’organisation. Il a finalement été trahi par sa puce qui indiquait un tronçon record de 15 km couvert en… 21 mn. Monsieur Madrazo, 55 ans, a joué le mec honnête qui ne comprend pas : « J’étais blessé, j’ai donc dû m’arrêter après 21 km et j’ai rejoint la ligne d’arrivée pour récupérer mes affaires et ma médaille. Je n’ai jamais réclamé la victoire dans ma catégorie d’âge. » Bien tenté, mais il aurait été encore plus honnête de ne pas franchir la ligne.

9) Le plus olympique

Né au Honduras et élevé au Belize, Apolinario Belisle Gomez a toujours rêvé d’être un grand marathonien. N’ayant ni le talent ni la capacité de travail pour y arriver, il lui a fallu trouver une autre stratégie. Tout commence en 1988. En prétendant avoir terminé le marathon de Long Beach en 2 h 36 mn 18 s, il convainc les autorités sportives de son pays d’adoption qu’il peut revêtir ses couleurs aux J.O. de Séoul. Crédules, les sélectionneurs lui offrent le voyage – et le drapeau – sous le nom d’athlète de Polin Belisle. Ils le regrettent dès la fin de l’épreuve, leur poulain rapportant un temps à des années-lumière de son CV : 3 h 14 mn 02 s. En 1991, comme pour toutes ses “prépas J.O.”, Polin se rend à Long Beach et termine le marathon à la cinquième place… avant d’être disqualifié pour n’avoir couru que le départ et l’arrivée. Dans la foulée, le Belize lui refuse la sélection pour les olympiades de l’année suivante, à Barcelone. Pas de référence ? Pas de sélection ? Pas grave ! Le champion change de nom auprès de la fédé en reprenant son véritable état civil et part pour l’Espagne avec le contingent du pays qui l’a vu naître : le Honduras. Repéré par des athlètes béliziens qui le dénoncent, il est exclu de la course. Mais personne ne lui retire son dossard. Polin se payera donc un dernier baroud d’honneur : il prend le départ à fond et reste seul devant pendant 500 m, avant de disparaître dans la foule. Une petite victoire, en somme.

10) Les plus nombreux

Chaque année, en Chine, près de dix millions d’étudiants passent le Gaokao, sorte de baccalauréat et seule porte d’entrée à l’université. Les autorités chinoises ont mis en place à cet examen un système de points bonus pour les élèves − très − sportifs qui pourraient attester un marathon terminé en moins de 2 h 34 mn. Plutôt louable. Mais c’était compter sans l’effet indésirable que produirait le cocktail hyper-sélectivité + passe-droits. Résultat : certainement le record du plus grand nombre de tricheurs sur marathon. En 2010, au marathon de Xiamen, un tiers des cent premiers arrivants ont été disqualifiés pour tricherie. Certains ont opté pour la voiture, d’autres pour le bus, quand les moins scrupuleux ont carrément envoyé un coureur plus rapide à leur place. L’histoire ne dit pas exactement combien de coureurs ont fraudé, mais avec 50 000 inscrits, le record ne fait aucun doute !

Matthieu Clavel

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